Mascareignes
Présentation
Seule incursion dans l’Océan indien, l’enquête, poursuivie durant un mois et demi, a été menée dans les trois îles de l’archipel des Mascareignes, La Réunion, Rodrigues et Maurice.
L’objectif initial, traquer les survivances de traditions musicales importées de France métropolitaine, n’a pas été totalement perdu de vue puisqu’il a permis, par exemple, de vérifier la persistance de la transmission intergénérationnelle des berceuses (MUS1979.014.166) ou encore d’une ronde enfantine aussi répandue que Sur le pont du Nord (MUS1979.014.415). Mais, autant que dans les Caraïbes, il a été relativisé, sinon remisé, par des enquêtrices que leur tropisme organologique a vite incitées autant (sinon davantage) à découvrir ce qui était neuf à leurs oreilles qu’à retrouver des objets familiers.
Marcel-Dubois et Pichonnet-Andral ont pu ainsi apprécier des ensembles instrumentaux très fournis, mêlant les instruments originaires d’Europe, comme le violon (MUS1979.014.176), l’accordéon (MUS1979.014.124), le saxophone (MUS1979.014.216) ou le triangle (MUS1979.014.363), à ceux venus d’Afrique méridionale, de Madagascar ou de l’Inde du sud. Les enregistrements effectués bruissent des sonorités de l’arc musical "bobre" (MUS1979.014.312), du tambour mauricien dit "ravane" (MUS1979.014.457), des tambours sur cadre "rouler" ou "morlon" (MUS1979.014.068), des hochets dits "kayamb" à La Réunion (MUS1979.014.052) et "maravan" à Maurice (MUS1979.014.489), du xylophone "somber" (MUS1979.014.315) ou encore du râcleur (MUS1979.014.395).
En matière de danses et de pratiques festives, les ethnomusicologues ont moins observé la fusion que la juxtaposition, en l’occurrence celle des bals où la polka (MUS1979.014.438) et les cinq figures du quadrille français (MUS1979.014.216), même créolisé, continuaient d’être dansés, avec des cérémonies célébrées par les descendants des esclaves malgaches, les "servis kabaré" (MUS1979.014.065), ou par les immigrés tamouls, les "mariages bondieu" (MUS1979.014.189) et autres cérémonies "malbar". Ce qui les a conduites à enregistrer celles et ceux qui chantaient, portés par un riche accompagnement instrumental, les airs sur lesquels les Réunionnais dansaient alors le maloya (MUS1979.014.067), pourtant interdit, ou le séga (MUS1979.014.116), puis, à Rodrigues, le séga tambour (MUS1979.014.387).
L’enquête a enfin permis de recueillir les grandes voix réunionnaises du moment comme Gérose Barivoitse dit "Lo Rwa Kaf" (MUS1979.014.050), Benoîte Boulard chantant seule (MUS1979.014.205) ou en duo alternant avec Maxime Laope (MUS1979.014.208), et leur cadet Firmin Viry (MUS1979.014.316).