Jean Douirin, fabricant de biniou à Plozévet
Né en 1892 et décédé à Plozévet en 1974, Jean Douirin, tourneur sur bois de profession était, avant la deuxième-guerre mondiale l’un des deux derniers fabricants de biniou, la cornemuse traditionnelle encore jouée dans le sud Finistère et le Morbihan.
Né en 1892 et décédé à Plozévet en 1974, Jean Douirin, tourneur sur bois de profession était, avant la deuxième guerre mondiale l’un des deux derniers fabricants de biniou, la cornemuse traditionnelle encore jouée dans le sud Finistère et le Morbihan.
Si la commune de Plozévet est bien connue des chercheurs en sciences humaines en raison d'une enquête diligentée dans les années 1960 par le CNRS, elle l'est aussi, depuis 1937, en raison de la présence dans le bourg, de la sculpture d'un couple de sonneurs en bronze réalisée en 1908 par René Quillivic (1879-1969) et érigée en août 1937. A l'occasion de cet événement, un concours avait eu lieu auquel Douirin, qui n'était pas seulement facteur de biniou mais également joueur, avait participé.
Dans la demande qu’elle rédige pour le financement d’un « voyage d'étude Cornouaille-Brière » du 21 au 29 juillet 1949, Claudie Marcel-Dubois explique qu’elle souhaite profiter « de la proximité du bourg de Plozévet à 30 kilomètres environ de Quimper (lieu d'habitat d'un fabricant de biniou) » pour donner suite « à l’enquête technologique [...] entreprise par le musée et le laboratoire d'ethnographie française (enquêteur monsieur Dan Lailler) ; un complément d'observation musicologiques sera pris, des disques seront enregistrés [...] à Quimper et Plozévet ».
En effet Dan Lailler s’était rendu à Plozévet pour enquêter sur Douirin et acquérir auprès de lui un biniou (inventorié 46.113.1 dans les collections du musée, dont on voit le dessin ici).
En 1949 l’observation prévue a bien été effectuée par Dan Lailler. Marcel-Dubois en rend compte dans le rapport de retour de mission :
« 1) Acquisition à Yann Douirin, menuisier fabricant de biniou de, une bombarde (buis et os), un levriad [tuyau de jeu mélodique du biniou], un premier état de tournage de bombarde.
2) Enquête auprès d'un sonneur, fabricant d’anches, Louis Gueguen, cafetier
- essais de la bombarde Douirin, notation de son échelle musicale gamme montante et descendante,
- opération de mise en état de jeu du biniou Douirin, essai de son levriad et de son bourdon, notation de l'échelle du levriad gamme montante et descendante,
- acquisition de deux jeu d'anches pour biniou et d’un jeu pour bombarde et d'un étui à anches,
- commande d'un sac en toile et filet de coton blanc pour porter le biniou fabriqué par Madame Gueguen, mère. »
On notera la mention de Louis Guegen (1892-1962) comme fabricant d’anche. Ce dernier était le comparse de Douirin dans le couple de sonneurs qu’ils formaient, lui à la bombarde, Douirin au biniou. Ils ont exercé dans la région de Plozévet jusqu’au début de la deuxième guerre mondiale (voir la page consacrée à Douirin sur le site Muzik-e-Breizh).
Les objets acquis en 1949 sont entrés dans les collections du musée sous le numéro d’inventaire 49.35 mais le travail réalisé par Dan Lailler n’a pas été conservé dans le dossier « Cornouailles-Brière 1949 ».
Aucun enregistrement sonore n'a été fait, pas plus que de prises de vue photographiques.
Nous disposons cela dit des 19 clichés que Dan Lailler a réalisés lors de son séjour en août 1946 (l'ensemble est à retrouver sur Didomena).
On y voit notamment Douirin travaillant un élément du biniou acheté par le musée et soufflant dans le levriad (tuyau mélodique du biniou), mais aussi, jouant de la bombarde, ce qui nous laisse penser que Louis Gueguen n’était pas présent lors du passage de Dan Lailler en 1946 mais seulement trois ans après.