Châtillonnais
Présentation
Cette seconde "Recherche coopérative sur programme" (ou RCP) est aussi la dernière enquête collective conçue par Georges Henri Rivière. Intéressant la région de Châtillon-sur-Seine en Bourgogne, menée avec le concours de Jean Raisky qui suit alors leur enseignement d'ethnomusicologie, l'enquête procure d'abord à Marcel-Dubois et à Pichonnet-Andral l’opportunité de réunir de nouveaux matériaux sur leurs thèmes de prédilection.
La moisson est ainsi abondante dans le registre organologique, concernant spécialement les hautbois d’écorce (MUS1967.028.114) et les sifflets d’écorce (MUS1967.028.100), qu’on voit ici taillés ou essayés par Maxime Renard et Gabriel Gelot. Elle l’est tout autant sur des thématiques ethnologiques qui connaissent alors un regain de faveur, comme le charivari et Carnaval, dont le tape-chaudron (MUS1967.017.004) du Lundi gras est la déclinaison locale la plus pittoresque, ou encore la coupe d'arbustes, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, et la dépose de ces "mais" (MUS1967.028.036), sous les fenêtres des jeunes filles du voisinage.
Une fois encore, les ethnomusicologues se montrent attentives à l’emploi des crécelles, grelots et autres martelets avec lesquels les enfants de chœur, tous des garçons, annoncent l’Angélus aux villageois durant la Semaine Sainte (MUS1967.018.017). Elles les suivent à nouveau le dimanche et le lundi de Pâques, équipés cette fois d’un panier et d’une tirelire, la "goyotte", quêtant œufs et piécettes chez leurs voisins. C’est le rituel des "roulées" qui alterne prière chantée et formule comminatoire (MUS1967.018.029).
Cependant la RCP est aussi annonciatrice du tournant que celui qui la dirige, le sociologue Jean Cuisenier, successeur pressenti de Rivière, entend impulser sous peu au musée des arts et traditions populaires. Une part importante des observations porte en effet sur les sociétés musicales villageoises mais moins sous l’angle de leur composition instrumentale, conforme comme on peut s’y attendre à celle des harmonies-fanfares orphéoniques, qu’en considération de leur implication dans la vie des communautés (MUS1967.047.016).
Il en résulte des reportages qui n’ont pas tant d’équivalents sur les manifestations les plus emblématiques de ce que les enquêtrices désignent comme la "musique civique".
Ils portent d’abord sur la fête nationale au village (MUS1967.047.036), quand la Lyre châtillonnaise défile puis accompagne l’envoi des couleurs, avant de donner la nuit venue son concert au stade, puis de ponctuer de rythmes martiaux (MUS1967.047.038) la retraite aux flambeaux. La fanfare cède ensuite l’espace public aux accordéonistes et au "jaze" qui vont animer le bal musette (MUS1967.047.039).
Dans un registre plus sombre, l’enquête documente aussi la commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918, ponctuée par les sonneries aux morts (MUS1968.047.174) devant les monuments éponymes.