Fabricants d'instruments

L'art de la fabrication des instruments, la facture instrumentale, a été un sujet d'étude prépondérant pour les ethnomusicologues du MNATP. Les articles de cette rubrique présentent les enquêtes ou les séquences au sein d’une enquête ayant porté sur les fabricants et la fabrication des instruments et objets sonores utilisés dans la tradition populaire.

Dans l'atelier de Marius Fabre (Barjol, Var), travail du bec du galoubet (ph.1954.17.445)
Dans l'atelier de Marius Fabre (Barjol, Var), travail du bec du galoubet (ph.1954.17.445)

L'art de la fabrication des instruments, la facture instrumentale, a été un sujet d'étude prépondérant pour les ethnomusicologues du MNATP. Seront bientôt mis en ligne divers articles présentant les enquêtes ou les séquences au sein d’une enquête ayant porté sur les fabricants et la fabrication des instruments et objets sonores utilisés dans la tradition populaire.

L'usage a retenu le terme de luthier pour désigner les fabricants d'instruments mais ceux-ci devraient être dénommés "facteurs" (au sens de fabricant), puisque luthier s'applique à celui qui construit le  violon et les instruments du quatuor à cordes.

Claudie Marcel-Dubois et Maguy Andral ont consacré des enquêtes entières à des artisans reconnus comme par exemple, Jacques Pajot, descendant de la célèbre maison Pajot à Jenzat (Allier) réputée pour son savoir-faire quant aux vielles à roue, mandolines, cornemuses, et autres instruments, ou une bonne partie de leur enquête à certains artisans comme Marius Fabre à Barjols (Var), fabricant de galoubets et de tambourins ainsi qu'à la maison Daban à Nay, près de Pau d’où sortent cloches et sonnailles pastorales depuis 1795. Elles n'ont pas omis non plus de séjourner un temps à Gérardmer dans les Vosges, haut-lieu de fabrication de l’épinette, interviewant plusieurs fabricants de cette petite cithare prisée dans le Nord de la France autant que dans les Vosges.

Elles ont aussi cherché, partout où elles sont passées, à savoir par qui et comment se faisaient les instruments et objets sonores joués dans la société traditionnelle. Car s’il existe des artisans spécialisés qu’elles ont rencontrés, ou si certains instruments ne sont pas uniquement "populaires" mais relèvent aussi de la tradition "savantes", comme ceux de la fanfare ou de la cobla catalane qui sortent d’atelier professionnels qu’elles ont pu visiter en Roussillon, d’autres instruments à vent pratiqués dans le monde rural, flûtes, hautbois, cornemuse par exemple, sont le fruit du travail de tourneur sur bois, comme Douirin, à Plozévet en Bretagne, connus des musiciens alentours dans un rayon parfois important et qui viennent s’approvisionner chez eux.  Ces artisans étaient d’ailleurs souvent instrumentistes eux-mêmes et avaient commencé en se fabricant un nouvel instrument prenant modèle sur l’ancien ou en réparant ce dernier, puis, devant la demande, s’étaient mis à en fabriquer pour les autres.

C’est aussi le cas de certains joueurs n’exerçant pas forcément de métier manuel mais qui, intéressés par leur instrument ont décidé de se mettre à fabriquer qui du violon, qui une cornemuse. Ainsi, c’est auprès de Jean Vigouroux, joueur de cabrette en Auvergne que les deux ethnomusicologues du musée enquêtent sur la facture de cette cornemuse qu’il fabrique en "amateur".

Les enquêtrices ont aussi recueilli les témoignages relatifs à la fabrication des instruments saisonniers. On citera ici, parmi d’autres dans cette famille d’instruments assez "insolites", le sifflet ou le hautbois d’écorce fabriqués dans les Pyrénées centrales, par de nombreuses personnes dont Auguste Vignaux notamment, instruments, comme le "hautbois" d'écorce, anciennement confectionnés dans le cadre des rites du cycle de l’hiver, avant que la sève ne remonte, rites destinés à favoriser le retour du printemps.

Rédactrice: Marie-Barbara Le Gonidec